Imposé par l'horizontalité, « Paysage désaltéré » propose un regard sur le processus de représentation questionnant l'image, la fragmentation, l'idée de mémoire ainsi que l'espace d'un territoire.

Constitué par la juxtaposition et ceci jusqu'à la superposition d’antagonismes tel que pays / paysages, archipels/continents cher à Edouard Glissant, l'ouvrage « Tout Monde » reste l'une des sources d'inspiration, au même titre que les rives et la rivière enlassant l'atelier et théâtre d'inondations annuelles.

A dominante graphique et picturale, l’aspect fragmentaire inscrit dans les œuvres présentées, souligne par le mode établi, l'idée de bouleversement et arpente l'aspect de perturbations qu'engendrent les catastrophes. Ceux-ci ont provoqué des traumatismes telle qu'une concentration irraisonnée sur des objets souvent insignifiants mais qui m'ont permis, en soi d'échapper momentanément à la brutalité d'un choc émotionnel.

Le format horizontal constitue l'âme d'une stratigraphie résultante de la stagnation de l'eau, arborant une trace apparue sur les murs, mémoire de l'événement transposée ici et exprimée verticalement, par le dispositif. Celui-ci perpétue également simultanément l'itinéraire sinueux d'une nature cartographiée (Des rives de l'Orne mentale) puis réinventée dès l'instant de sa disparition sous le miroir de ses eaux jusqu' à sa réapparition plusieurs jours après.

D'une nature revisitée et recomposée pendant la traversée des éléments imprégnée et imprégnant le temps humain, les œuvres retracent et interprètent les tensions que nécessitent la difficulté de chaque instant, lorsque s'élève avec détermination, de l'existence d'un paysage contre les éléments.

« Paysage désaltéré » Xavier Thomen